Objectifs scientifiques

Objectif principal

Schéma sur les territorialités

 

L’objectif du projet NucTerritory est de mettre en œuvre les outils méthodologiques nécessaires à la caractérisation des relations entre l’espace et les centrales nucléaires.

Le but est d’identifier la construction de territorialités nucléaires entre différents terrains d’étude afin d’isoler les variables expliquant de potentielles divergences ou convergences.

 

NucTerritory vise quatre sous-objectifs :

  1. Identifier les territorialités induites par la présence d’une centrale nucléaire et de ses acteurs
  2. Documenter la manière dont ces territorialités sont construites
  3. Caractériser les différences de territorialités entre plusieurs centrales nucléaires situées dans des contextes spatiaux différents
  4. Isoler les variables responsables de ces différences

 

Trois manques dans la littérature scientifique sur les relations nucléaires et territoires

NucTerritory émerge de l’identification de trois manques dans la littérature scientifique sur les relations entre nucléaire et territoire.

Schéma sur l'État de l'art

 

 

Un déficit de connaissance sur la géographie du nucléaire en-dehors de l’approche par les risques

En dépit du renouveau d’une nuclear geography anglophone à la suite de l’accident de Fukushima, les recherches documentant les dynamiques spatiales du nucléaire restent disparates et n’offrent qu’une vision limitée du phénomène. En effet, qu’ils s’intéressent à la constitution de zones d’exclusion autour des sites accidentés, aux significations culturelles de ces infrastructures ou encore à la reconversion des friches nucléaires, les travaux cherchant à comprendre ce que signifiait « vivre avec le nucléaire » ont presque exclusivement approché la question par l’angle du risque et de la radioactivité.

Or, cette catégorisation des « territoires nucléaires » par la cindynique occulte la diversité des dynamiques spatiales de cette industrie. En ne documentant pas les dimensions industrielles de ces sites, elle vient très largement limiter la compréhension des échelles et périmètres influencés par leur activité. Qui plus est, approchée uniquement par le risque, la territorialisation du complexe atomique trace une géographie uniquement euclidienne, faite « d’effet Halo » où la distance à la centrale s’impose comme élément explicatif des relations entre l’espace et le nucléaire.

Menées par des sociologues, anthropologues et économistes, de précédentes recherches ont permis d’éclairer partiellement les transformations spatiales radicales découlant de l’implantation d’installation nucléaire. L’afflux de nouvelles populations, souvent d’extraction urbaine et distinctes de la population locale, plus diplômées, mieux payées, qu’il faut loger, divertir et dont il faut scolariser les enfants modifie le profil démographique, sociologique et politique des territoires, ainsi que la morphologie des communes hôtes. Les produits des taxes, venant abonder les budgets locaux, alimentent les projets d’infrastructures et soutiennent les services à la personne. Implantées dans des espaces ruraux, les centrales entraînent le développement de nouvelles infrastructures de transport.

L’objectif de NucTerritory est de systématiser ces approches.

Territorialiser le concept de « Nucléarité » proposé par Gabrielle Hecht

Analyser la production de territorialités nucléaires amène à questionner la “nucléarité” de l’espace. Ce concept, développé par Gabrielle Hecht dans ses travaux sur l’uranium, renvoie à l’action de catégoriser un objet, une action, une technologie comme était “nucléaire”, lui appliquant ainsi certaines normes et représentations sociales. Prouvant que les ontologies nucléaires n’étaient pas fixes dans le temps et l’espace, Hecht souligne deux dimensions du complexe atomique.

  • Premièrement, la nucléarité n’est pas évidente et ne réside ni dans l’essence ni dans la radioactivité des choses. C’est une catégorie technopolitique dont les paramètres dépendent de l’histoire et de l’espace, de la science et de la technologie, des corps et de la politique.
  • Deuxièmement, la nucléarité est produite et contestée au travers de confrontations entre acteurs.

Le projet NucTerritory propose de territorialiser la notion de “nucléarité”, considérant que les territorialités nucléaires sont des construits sociaux, distribué différemment d’un contexte spatial à l’autre et décorrélé de leur radioactivité effective.

Questionner l’ancrage spatial des systèmes énergétiques

Les travaux des géographes ont montré que l’hétérogénéité des transitions énergétiques et la pérennité des ressources fossiles pouvaient s’expliquer par des phénomènes de dépendance de sentier localisés produits par un ancrage spatial différencié des systèmes énergétiques.

Afin d’étudier les différents ancrages spatiaux des centrales nucléaires, le projet NucTerritory propose de mobiliser le concept de territorialité relationnelle de Raffestin.