[Profil historique #3] Wylfa (Pays de Galles)

À Wylfa, les derniers réacteurs Magnox

Aujourd’hui à l’arrêt, la centrale nucléaire de Wylfa a fonctionné de 1971 à 2015. Elle est située sur la côte rocheuse de l’île d’Anglesey, au Pays de Galles, dans une région rurale et relativement peu peuplée. Sa construction a débuté en 1963, à une époque où une seule autre centrale nucléaire avait été construite au Pays de Galles : celle de Trawsfynydd. Le premier réacteur de la centrale de Wylfa a été mis en service en 1971 et le second en 1972.
La centrale de Wylfa s’inscrit dans le premier programme d’énergie nucléaire du Royaume-Uni (années 1950-1960), dont elle constitue d’ailleurs le dernier projet. Durant ce premier programme, lancé en 1955, ce sont des réacteurs de type Magnox qui ont été construits. Ceux-ci fonctionnent à l’uranium métallique (non enrichi) modéré au graphite et refroidi au gaz carbonique. Ils ont été conçus au Royaume-Uni. Au total, onze centrales (totalisant 26 réacteurs) utilisant cette technologie ont été mis en service au Royaume-Uni entre 1956 et 1971. Les deux réacteurs de la centrale de Wylfa sont les derniers réacteurs Magnox a avoir fonctionné ; toutes les centrales de cette génération sont désormais à l’arrêt.

Chronologie de la centrale nucléaire de Wylfa

Incidents techniques et protestations anti-nucléaires

Au cours de son exploitation, la centrale nucléaire de Wylfa a connu des incidents techniques qui ont provoqué des protestations de la part de mouvements anti-nucléaires.
Ainsi, en avril 2000, un examen de sûreté révèle des défauts dans certaines soudures à l’intérieur de la cuve de pression de l’un des réacteurs. Cette découverte provoque une fermeture de la centrale à partir d’avril et durant plusieurs mois, car la détérioration des soudures nécessite d’importants travaux. Cet arrêt temporaire du réacteur donne lieu à une campagne de Greenpeace nommée « Keep Wylfa shut », en 2001. L’ONG environnementaliste estime que la défaillance des soudures aurait pu entraîner un rejet important de radioactivité dans l’environnement, mettant ainsi en danger la santé des personnes. Elle demande donc à ce que la centrale ne soit pas remise en service à la suite de cet incident. Cette campagne de Greenpeace est soutenue par des acteurs locaux, et notamment un groupe de pression anti-nucléaire d’Anglesey : le groupe People Against Wylfa B ou Pobol Atal Wyfa B (PAWB). Ce collectif avait été constitué en 1988 pour s’opposer à la construction d’une deuxième centrale nucléaire sur le site de Wylfa. En effet, la possibilité de construire une centrale de deuxième génération avait été étudiée par le gouvernement dans les années 1980 et annoncée en 1987. Le groupe PAWB rassemblait ainsi des militants anti-nucléaires, issus de groupes de gauche, écologistes et nationalistes gallois. Deux autres groupes soutiennent également la campagne de Greenpeace : WANA (Welsh Anti-Nuclear Alliance) et CND Cymru (Campaign for Nuclear Disarmament).
En 2001, la centrale nucléaire de Wylfa fonctionne déjà depuis une trentaine d’années. En réaction à la découverte de défauts de soudures, Greenpeace commande aux ingénieurs consultants indépendants Large & Associates un rapport sur les dangers de la réouverture de la centrale. Les conclusions du rapport sont alors présentées aux membres de la Welsh Assembly en mars 2001 : elles indiquent qu’une défaillance des soudures pourrait entraîner un accident grave et des rejets importants de radioactivité. En conséquence, Greenpeace exige que l’Assemblée nationale veille à ce que toutes les informations sur la sécurité nucléaire soient rendues publiques. L’ONG réclame également que le ministre de l’Environnement demande au Nuclear Installations Inspetorate de maintenir les réacteurs de Wylfa fermés. Malgré la controverse publique, la centrale nucléaire de Wylfa est remise en route en août 2001.

La fin des réacteurs Magnox

Quelques années plus tard, en juillet 2006, la Nuclear Decommissioning Authority annonce que la centrale de Wylfa sera arrêtée en 2010. Cette décision est liée à la volonté de fermer et déclasser l’usine de retraitement de combustibles usés Magnox de Sellafield (comté de Cumbria). Après quelques retards de calendrier, le réacteur 2 de la centrale de Wylfa est donc arrêté le 25 avril 2012. Quant au réacteur 1, il cesse de fonctionner le 30 décembre 2015.
À la fin des années 2010, un nouveau projet est à l’étude pour le site de Wylfa : le projet de construction de deux réacteurs avancés à eau bouillante, nommé Wylfa Newydd. Fin 2020, il semble toutefois avoir été abandonné.

Rédactrice : Audrey Sérandour

Bibliographie

BAILONI Mark (2015), « Les évolutions du modèle énergétique britannique face aux enjeux géopolitiques internes », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement, Vol. 14, n° 3. URL : https://doi.org/10.4000/vertigo.15550.

FABÓK Márton (2016), Governing a nuclear megainvestment: A multi-scalar ethnography of Wylfa Newydd, Thèse de doctorat, University of Liverpool, 305 pages.

Large & Associates (2011), Review of Ageing Processes and Their Influence on Safety and Performance at Wylfa Nuclear Power Station, March 2001.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *